A la Une. Camille Detraux
Dans les années 50, la place que tient la photographie dans la presse quotidienne est bien plus importante qu’aujourd’hui car la télévision n’est pas encore très présente.
A huit heures ce matin-là, Camille Detraux se prépare à une journée comme les autres, le programme, un goûter des pensionnés, une réception à l’Hôtel de Ville, ou l’arrivée d’une course cycliste. Mais à huit heures dix, le téléphone sonne. Il y a un incendie au Bois du Cazier. Cette journée du 8 août 1956 Camille Detraux ne pourra jamais l’oublier. Muni de son Rolleicord, le lourd flash et sa batterie, quelques films en poche, il saute dans sa petite voiture.
Il est le premier photographe sur place, il rencontre un sauveteur. Y a-t-il de l’espoir de retrouver des rescapés ? « Il y en a bien peu », dit l’homme. Après vient le pire, l’attente interminable. Impossible de ne pas penser au nombre de ces mineurs, à leur impuissance devant l’incendie.
Camille Detraux est resté sur le site trois jours et trois nuits. Il n’osait quitter les lieux. S’il se passait quelque chose ! Mais il n’ya pas eu de miracle. Il ne s’est rien passé que le travail des sauveteurs, inlassables et celui des équipes médicales.
Il a photographié tout cela. Le travail d’un photo-journaliste. Les images, ce sont les regards des sauveteurs, la remontée des rescapés, les visites des personnalités. ce qui était le plus pénible, c’était de photographier les familles des mineurs. Il évitait ces regards que l’espoir avait fui.
La discrétion de Camille Detraux lui interdit de rechercher le sensationnel, de rejeter l’effet facile, les images chocs. Les photographies sont belles, dans leur simplicité émouvante. A ce titre, elles font partie de l’Histoire. Celle du travail, celles des hommes.
Quelques images prises lors des commémorations des 60 ans de la tragédie du Bois du Cazier