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Photographe à la Une. Annie Leibovitz

Annie LeibovitzNée le 2 octobre 1949, à Waterbury dans l’État du Connecticut, Annie Leibovitz est une grande photographe américaine, réputée pour ses portraits de célébrités.  Elle poursuit, dès 1967, ses études de peinture au San Francisco Art Institute où elle prend également des cours du soir de photographie. Elle gagne sa renommée grâce à des clichés restés fameux dans la sphère musicale et artistique, clichés ayant fait la couverture du magazine musical Rolling Stone pour lequel elle travaille de 1970 à 1983 et dont elle deviendra la photographe officielle dès 1973, alors qu’elle n’a que 23 ans.

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Certaines de ses couvertures resteront particulièrement célèbres comme celle de John Lennon nu, embrassant Yoko Ono habillée, shootée (pour la petite histoire) le matin même de la mort du musicien.

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Dès 1983, Annie Leibovitz travaille pour le magazine Vanity Fair qui connaîtra, grâce à elle, nombre de couvertures célèbres ayant défrayé la chronique comme celui de Whoopi Goldberg dans un bain de lait ou encore Demi Moore enceinte, cliché qui sera classé en 2005 deuxième des meilleures couvertures de magazines des quarante dernières années par l’American Society of Magazines Editors.

En 1998, elle intègre le magazine Vogue. L’année suivante, elle fait publier « Women », recueil de 170 portraits sur un thème qui lui est cher, les femmes. De son objectif se ressentent une collaboration étroite et une complicité avec son sujet. Elle réussit à capter l’intimité de chacun, en créant un contact et une communication intense, et arrive à mettre en scène les personnages et leur environnement de manière saisissante.

Courtesy of Rip & JJ

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Mais en 2008, Annie Leibovitz fut aux prises avec des dettes énormes (24 millions de dollars) et des créanciers à sa porte. Pour surmonter ces années si difficiles, marquées par les morts de Susan Sontag et de son père et par le harcèlement de ses créanciers, elle a décidé de faire un « pèlerinage » aux sources, de retrouver les lieux des héros culturels de sa vie et d’en photographier les traces, humblement. Ce projet était né du temps où vivait encore Susan Sontag. Elles avaient le projet de rédiger ensemble un livre « sur la Beauté », et elles avaient commencé à dresser une liste de leurs lieux préférés. La mort a stoppé cette idée, mais ses ennuis financiers l’ont relancée, de même que sa volonté de montrer ces lieux inspirés à ses trois petites filles.

« J’avais besoin de me sauver moi-même », a-t-elle expliqué. « Et mes enfants me reprochaient d’être toujours prise par mes problèmes financiers. Ma fille m’a dit : Maman, n’est-ce pas un moment où tu es censée être avec nous ?« 

Annie Leibovitz partit donc, seule, avec son appareil, sans ses techniciens habituels. Aucun portrait, aucun humain dans ses photos. Ce sont les traces du temps qui passe, du génie passé de l’histoire, des objets et des paysages qui rappellent une longue histoire culturelle qu’elle veut transmettre à ses filles.

Elle a commencé par revisiter la maison d’Emily Dickinson à Amherst dans le Massachussets, photographiant en gros plan l’herbier de la poétesse ou les détails de la seule robe, aux boutons d’albâtre, qu’on ait conservé d’elle. Elle saisit la lumière tamisée dans la maison de celle qui était la poétesse préférée de Susan Sontag.

Elle décida ensuite de montrer les chutes du Niagara à ses filles et partit un soir, pour six heures de route. Arrivée en pleine nuit à côté des chutes, elle demanda la chambre réservée. Elle avait le plan, le matin venu, d’ouvrir les rideaux et de laisser les filles découvrir par la fenêtre le spectacle fabuleux des chutes, mais hélas, la chambre avait été relouée et elle dut se replier dans un motel où le matin, la vue ne donnait que sur un mur de béton.

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Ce pèlerinage nous vaut des textes humains et sensibles, au fil des visites et des photos toutes simples mais parfois sublimes : les chutes, l’eau d’une rivière, un bout de désert en Arizona, la Spiral Jetty de Smithson dans le grand désert salé, le lit de Thorau.

Elle alla en Angleterre retrouver la maison de Virginia Woolf, la rivière le long de laquelle l’écrivaine se promenait, sa table de travail avec l’usure du temps. Elle visita la maison de Darwin et celle de Freud à Londres, où elle photographia les livres de sa bibliothèque et le célèbre divan recouvert d’un profond tapis sur lequel les patients s’allongeaient. C’est sur ce divan aussi qu’on déposa Freud après sa mort. Bien sûr, elle chercha aussi les traces des grands photographes qu’elle aime : Ansel Adams au parc de Yellowstone, Stieglitz via sa femme Georgia O’Keeffe dans le désert du Nouveau Mexique, Julia Margaret Cameron. Une vraie psychanalyse sur les influences, les objets, les lieux qui l’ont façonnée.

Les morts, les ennuis financiers, l’âge qui avance, ont obligé Annie Leibovitz à creuser en elle et à nous offrir ce livre anti-spectaculaire « Pilgrimage », mais qui touche à l’essence des choses et non plus à l’écume des stars. Une trace de notre passage sur cette terre.

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La page Facebook d’Annie Leibovitz

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