Photographe à la une. Une.Harry Gruyaert
Passionné par les couleurs, Harry Gruyaert perçoit le monde par les éclats que lui offre la petit lucarne de son appareil photo. Ce photographe belge, membre de l’agence Magnum depuis 1981, est un grand baroudeur à la recherche de l’image unique, l’image forte, celle qui l’attire. Il puise son inspiration dans le monde qui l’entoure, dans les scènes inattendues qui surgissent, les instants qui le traversent.

© Harry Gruyaert
La photographie est bien plus qu’un outil ou une activité pour lui, c’est « un besoin vital », une « nécessité qui le fait vivre » comme il l’explique lui-même. Pionnier européen de la photographie couleur depuis les années 1970-80, aux côtés de ses compères américains tels que Saul Leiter, Joel Meyerowitz, Stephen Shore et William Eggleston, Harry Gruyaert fait vibrer les différents tons et dessine les contours graphiques du monde. Zoom sur un artiste de la chromie, au travail perceptif et intuitif remarquable.
Au revoir, Belgique. Né à Anvers en 1941, Harry Gruyaert a d’abord étudié à l’école du cinéma et de la photographie de Bruxelles avant de travailler pour des documentaires à la télévision. Rapidement, la Belgique ne lui suffit plus et il cherche à s’échapper de sa famille très catholique. Porté par les images de Richard Avedon et Irving Penn, il décide dès ses 20 ans de prendre sa liberté et de s’essayer photographe de mode à Paris. Il y rencontre notamment Peter Knapp, directeur artistique de Elle, qui lui commande des photos de mode, ou encore Robert Delpire qui le lance dans le monde visuel des voitures de course.

© Harry Gruyaert
Mais c’est la rencontre avec Philippe Hartley qui est déterminante dans sa pratique photo personnelle, plus documentaire et de rue que journalistique. Alors que ce dernier lui demande de couvrir une croisière au Maroc, Harry Gruyaert se laisse submerger par cette expérience visuelle : les couleurs, les habitants, les paysages, tous fusionnent pour former selon lui « le Moyen-Age et Brueghel à la fois ». De ce premier séjour aux couleurs jaune, ocre et bleue, il en retire un constat inestimable pour la suite de sa démarche photographique : il a besoin de voyager pour ressentir le monde et l’exprimer en images.
Percevoir le monde et ses instants dérobés. Le quotidien, c’est ce que le photographe belge représente dans ses images à la chromie si particulière. Il capture aussi bien les paysages, les scènes urbaines que les moments de vie dérobés. Cependant, chez lui, l’environnement prend autant de place que le sujet humain, voire même plus. Les passants deviennent des silhouettes, les modèles se fondent dans les paysages, tournent le dos à l’objectif ou sont plongés dans des ombres fortuites. Que ce soit dans un train belge aux tables rouges, sur les terrasses parisiennes aux chaises en rotin, ou sur les marchés marocains qui sentent bons le citron mariné, les personnes font partie d’un décor qui prend toute sa contenance par ses contrastes et ses couleurs. Harry Gruyaert ne suit pas vraiment de méthode, il n’a « pas de concept », comme il l’explique dans la vidéo ci-dessous : il a « la tête vide », son travail est « purement intuitif ». Il capture un moment parce qu’il est attiré par lui, il attend l’inattendu pour le prendre sur le fait. Sa photographie, c’est donc un mélange entre un travail de recherche notoire, en quête de ce moment idéal, et « une expérience physique, sensuelle et vitale », quand la lumière, les couleurs, les gens fusionnent pour créer cette image forte.

© Harry Gruyaert
Retour aux sources. Après avoir vadrouillé à travers de nombreux pays, Harry Gruyaert décide finalement de revenir dans son pays natal dans les années 1980, et consacre plusieurs années à immortaliser les paysages et les rivages du Nord belge et français. Avec ces photos, parfois aux couleurs sombres et grisonnantes, d’autres fois éclairées par quelques nuances chatoyantes qui viennent contraster avec les tons neutres

© Harry Gruyaert
Pour aller plus loin, découvrez son profil sur le site de l’agence Magnum Photos.Agence Magnum Harry Gruyaert
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