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La « street photo » ou l’Art de la photographie Noir et Blanc

Qu’est-ce que la « street photo » ? C’est une genre hérité d’un passé fortement marqué des grands noms de la photo tels Henri-Cartier Bresson, Robert Doisneau, Vivian Maier, pour ne citer qu’eux.
Les pratiques évoluent avec le temps, des approches différentes cohabitent, mais capturer des scènes de rue reste une source indéniable de plaisir pour qui se laisse prendre au jeu, alliant le plaisir de la découverte intime de son environnement proche ou de ses lieux de villégiature à l’inégalable source de satisfaction liée aux rencontres humaines dans ce contexte particulier.

Certes, la vie du photographe de rue n’est pas toujours un long fleuve tranquille, mais avec le comportement qui va bien, un brin d’audace et une pincée d’humour, c’est une démarche gratifiante et pleine de bonnes surprises et qui laisse aussi d’infinies possibilités en terme de créativité…
Ce genre photographique, tourné en premier vers l’humain, laisse aussi dans bien des cas la part belle aux infrastructures, à l’architecture et aux lignes, jouant là aussi avec les contrastes, la lumière et une composition parfaite.

Ainsi l’humain occupe t-il, suivant le cas, tout l’espace ou une place plus discrète en s’intégrant dans l’environnement. Dans tous les cas, la démarche est bien la même, raconter une histoire, faire passer une émotion, capturer des moments décisifs, laisser trace de son époque.  Passion, art de vivre,  la Street Photo présente l’énorme avantage de pouvoir s’exercer à toute heure et en tous lieux (ou presque !) avec un équipement relativement léger et discret.  C’est bien sûr le graal de la photo noir et Blanc et nous avons tous à l’esprit les célèbres photos des non moins célèbres photographes cités en début d’article.

Ces maîtres dans l’art de saisir les scènes de rue avaient toutefois des approches différentes :

  • Henri-Cartier Bresson, capturait des scènes sur le vif, des instants décisifs et s’invitait au hasard ou par chance. Avec le temps, ne laissant pas nécessairement le hasard décider à sa place, il mit en place une autre approche : anticiper, prévoir son cadre, son environnement, et ensuite attendre que le sujet vienne écrire une histoire dans ce cadre.
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Copyright  Henri-Cartier Bresson

  • Robert Doisneau, se définissant lui-même comme un « pêcheur d’images », oeuvrait discrètement, patientait aussi, capturant des scènes ou l’humain occupait la place essentielle tout en préservant une certaine distance avec le sujet photographié.
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Copyright Robert Doisneau

  • D’autres photographes cohabitent et se succèdent, arpentant les rues inlassablement, multipliant quant à eux les photos prises sur le vif (Daido Moriyama), parfois s’écartant des règles strictes de composition (JR), ou explorant encore bien d’autres styles.
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Copyright JR

L’approche est évidemment le point le plus délicat à gérer lorsqu’on se lance pour la première fois, source d’interrogations, voire de stress, lequel est totalement incompatible avec une première expérience que l’on espère positive. Il ressort comme une évidence que dans le domaine de la Street Photo, les approches possibles sont multiples et peuvent se combiner.

Voici quelques conseils non exhaustifs parmi lesquels chacun pourra piocher et qui peuvent se résumer ainsi :

Avant toute considération matérielle, se préparer mentalement à cette séance photo, l’objectif étant d’être (ou au minimum, de paraître !), naturel, détendu, tel un touriste qui flâne et découvre les rues d’une ville, attentif à tout ce qui l’entoure, mais aussi regardant au loin et anticipant sur ce qui peut se passer à tout instant.

Optez pour une tenue et un équipement photo discret…L’idée étant de repérer ce qui se passe autour de soi et de ne pas de se faire repérer soi-même. Le gros zoom peut rester à la maison, (votre dos vous en sera reconnaissant !), et au tout début de vos sorties photo de rue, préférez-lui par exemple un objectif fixe, de 18mm à 35mm (APSC)…il sera toujours possible de recadrer si besoin et ainsi vous évitez de trop vous rapprocher.

Evaluez au cours de cette première approche quelle est votre distance de confort par rapport au sujet pour ajuster votre choix de matériel et vos réglages tout en sachant que progressivement cela va évoluer. Cela vous permettra dans un premier temps d’être à l’aise et de revenir avec des photos qui vont vous plaire et vous encourager à poursuivre.

Prévoyez un temps suffisant pour ne pas vous sentir dans l’urgence de shooter…en la matière, la patience et le temps passé sur le périmètre sont de précieux atouts, même si la réactivité reste déterminante.

Choisissez le bon moment pour le lieu qui vous inspire : qu’est-ce qui vous attire à cet endroit, à quel moment se trouve-t-il animé, que pensez-vous pouvoir y capter ? comment la lumière anime-t-elle ce lieu aux différents moments de la journée ?

Ne regardez pas systématiquement votre écran après avoir pris une photo, continuez votre chemin et faites ce contrôle un peu plus loin, pour réajuster si besoin vos réglages.

Si une personne semble interrogative, souriez et poursuivez normalement votre chemin …au pire, si vous entrez en discussion, montrez- lui la photo, proposez-lui de la lui adresser par mail, et cas rare, supprimez la photo si vous sentez de l’animosité. En réalité, cela reste exceptionnel….

Essayer de visualiser mentalement votre scène en noir et blanc avant de déclencher, par exemple si vous avez choisi préalablement un site ou un arrière-plan ….

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Les paramètres de prise de vue du boitier.  S’accordant sur le principe que la réactivité est essentielle en photo de rue, il est donc indispensable de procéder à un certain nombre de réglages préalables au niveau du boitier afin de pouvoir se libérer au maximum de la technique et se consacrer pleinement à l’observation et la capture.

Dans ce but, voici quelques conseils utiles

  • Optez pour le format RAW pour des possibilités accrues à l’étape du post-traitement.
  • Associez au choix du format RAW le format JPEG
  • Parmi les options disponibles sur votre boitier, sélectionnez le rendu « monochrome ». Ces 2 derniers choix vous permettent, dès la prise de vue, de visualiser en instantané le rendu N&B de votre capture initiale sur l’écran de votre boitier.
  • Réglez pour cette première approche la « balance de blancs » sur « automatique ».
  • Restez en mode ISO le plus bas possible en fonction du contexte de luminosité. Retenez que plus vous monterez les ISO, plus le bruit sera présent sur votre photo, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément inadapté à la photo de rue. Une certaine latitude s’offre néanmoins au photographe de rue et l’on peut opter sans problème pour des réglages allant de 100 et 800 ISO. En effet, dans ce genre photographique, augmenter les ISO va permettre d’augmenter la vitesse, ce qui est précieux pour saisir l’instant décisif. A noter que l’éventuelle présence « contrôlée » de bruit en noir et blanc peut faire partie du choix créatif du photographe.
  • Vous pouvez également, si vous le souhaitez, opter pour un mode rafale. Sur le lot de photos d’une prise de vue pour un sujet donné, il y aura certainement la « juste photo » qui figera un mouvement dynamique, une expression ou une jambe en l’air.
  • Après la prise de vue, pensez également à contrôler l’histogramme : celui-ci doit être équilibré sans buter ni à droite ni à gauche. Pour remédier aux éventuels déséquilibres, agissez directement sur la molette de correction d’exposition.
  • Enfin choisissez en fonction de la « dimension » de votre scène et de ce vers quoi vous voulez diriger l’attention, le mode de mesure d’exposition le plus adapté. Bien entendu si focus sur un personnage en particulier, le mode de mesure spot sera à privilégier ( déconseillé pour les débutants)
  • Mettre le focus sur les contrastes

Parler de « noir et blanc » c’est évoquer de fait les contrastes, l’opposition de ces deux extrêmes que sont le noir et le blanc mais également toute la subtilité et les ressources inouïes de la très large palette des gris. C’est dire toute la latitude dont dispose le photographe lorsqu’il aborde l’étape du post-traitement.

Il est donc essentiel de repérer, dès la prise de vue, toutes les situations, contextes, structures, lignes, jeux d’ombres et de lumières qui vont valoriser la scène et lui donner de la force par des contrastes existants plus ou moins prononcés.  Les possibilités d’ajustement et de personnalisation s’en trouveront décuplées à l’étape d’interprétation.

Le focus sur les contrastes de tous types constitue un atout précieux à ne pas négliger car l’exploitation qui en sera faite est l’une des composantes essentielles des choix créatifs du photographe et de sa signature « artistique ». Chacun pourra, en fonction de sa sensibilité personnelle, mettre à profit ces contrastes pour une interprétation allant du choix de l’ambiance la plus poétique à l’ambiance la plus dramatique.

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La lumière pour valoriser le sujet.  Tout autant que les contrastes, la lumière ambiante et ses variantes au niveau d’une même scène impactent fortement le rendu immédiat, les possibilités de valoriser le sujet et les interprétations créatives possibles lors du post-traitement. La lumière crée l’ambiance en apportant suivant le cas de la douceur, de la poésie, une forme de « théatralité » et participe fortement à l’histoire que l’on veut raconter.

De là, comme en photo « couleur », se lever tôt est une bonne option pour saisir des scènes contrastées, originales avec des lumières spécifiques. Il est donc essentiel, en toute circonstance, d’être attentif aux changements d’ambiance lumineuse, de savoir exploiter la lumière et ajuster rapidement l’exposition via les possibilités de réglages de votre boitier. Suivant le type de scène, le sujet sur lequel vous souhaitez porter l’attention, vous devrez choisir entre les différents modes de mesure d’exposition : matricielle, pondérée centrale, ou spot.

L’importance des ciels avec de la matière.  De même les ciels chargés et contrastés, les contre-jours et les ciels de brume offrent d’excellents contextes de photo noir et blanc, apportant densité et force.  Les lumières particulières des jours pluvieux ou orageux réservent aussi d’excellentes opportunités de produire des photos remarquables aux photographes et matériels qui ne craignent pas trop l’humidité.

La post production.  Une photo noir et blanc passe obligatoirement par l’étape de post-traitement avec un logiciel dédié tel que Lightroom ou Photoshop.

Pour conclure… Enfin, la véritable créativité de chaque photographe trouve matière à s’exprimer à travers le post traitement qui va venir renforcer l’impact et le message de la scène photographiée.  Cette étape est incontournable, déterminante pour produire une photo de qualité et laisse au photographe toute la latitude de se créer un vraie signature créative et différenciante.  Les grands maîtres du genre ouvrent la voie et tracent des chemins sûrs, il est bon de s’en imprégner, libre à chacun ensuite de trouver sa voie…pour peu que l’histoire soit lisible et l’émotion bien présente.
Inutile de préciser que le regard et l’attention que l’on porte au monde de la photo noir et blanc, passé et présent, est un formidable moyen de développer sa propre sensibilité tant les approches et interprétations de la Street Photo sont diverses et variées.

Evénement Exceptionnel.  Pour la première fois à Liège,  c’est suffisamment rare pour que je vous tienne informé Vous êtes motivés, passionnés, avide d’apprendre la photo street photo en noir et blanc ?  Venez me rejoindre le 1er juin  dans la Cité Ardente pour un workshop dédié à cette pratique.

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