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Photographe à la Une. Eamonn Doyle

Eamonn Doyle, producteur de musique irlandais et photographe de renom, a fait irruption dans le monde photographique contemporain avec ses enregistrements de personnages et de la ville de Dublin. Trois albums photo très appréciés i, ON et End, ainsi que sa nouvelle œuvre, K, ont vu le jour au cours des cinq dernières années, avec un contenu qui a conforté le statut de Doyle comme le plus important artiste photographique de l’île d’Émeraude travaillant aujourd’hui.

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Né à Dublin en 1969, Eamonn Doyle a obtenu son diplôme en photographie de l’IADT en 1991. Il a passé une grande partie des vingt années suivantes à produire de la musique et travaillant dans le secteur de la musique indépendante, il a fondé le DEAF (Dublin Electronic Arts Festival) aux côtés des labels D1 Recordings et Dead Elvis.

Quand il a repris un appareil photo en 2008, 20 ans après l’avoir laissé de côté, son appareil photo est devenu une autre méthode pour continuer à travailler avec une sorte de musique, en se concentrant sur le rythme, sur le mouvement des personnes qui s’acquittaient de leurs tâches quotidiennes.

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Jamais il ne s’éloigne de sa rue Parnell, dans le centre de ­Dublin, et la plupart de ses images sont prises à quelques dizaines de mètres du pas de porte de son domicile. L’Irlandais ne réalise que des portraits de passants cadrés si serrés qu’à l’exception d’un plan en contre-plongée où se distingue, pour les connaisseurs, la façade du « grand théâtre », aucun indice ne permet de se repérer. Certains visages sont d’origine asiatique ou africaine. Le pavement gris ressemble à celui que l’on foule désormais dans n’importe quelle rue piétonne des métropoles standardisées. Quelque chose de très singulier saute pourtant aux yeux, sans que l’on puisse l’expliquer. Eamonn Doyle assure d’ailleurs avoir essayé de faire de même dans d’autres quartiers de la ville. Mais sans parvenir aussi bien à saisir l’« énergie visuelle spécifique » au sien.

Sa façon de saisir les personnes âgées de très près en plongée, comme un oiseau planant juste au-dessus de leur tête, décrit par exemple les affres de la vieillesse. Les corps ployés sont lourds, les gestes lents, la solitude vertigineuse. Eamonn Doyle raconte avec une concision désarmante le courage presque héroïque qu’il faut à ces êtres vulnérables et élégants pour se risquer hors de chez eux. 

Dublin trilogie, quand la ville devient humaine.

« Lorsque l’on vit dans un centre-ville, la vaste majorité de nos interactions viennent de ces moments fugaces, ces brèves rencontres. Mais ces dernières peuvent être aussi succinctes que puissantes. Il éprouve les émotions les plus intenses lorsque il est dans la rue : le dégoût, l’empathie, le désir, l’envie… », raconte l’artiste. C’est cette sensation de mystère, d’inattendu qui se dégage des photographies de Dublin Trilogie. En couleur comme en noir et blanc, l’auteur joue avec les compositions et l’énergie folle d’une capitale. Anonymes ou placés en premier plan, les sujets d’Eamonn Doyle amusent et fascinent tout autant. Autour d’eux, le goudron, ou les murs des bâtiments se transforment en décor gris et industriel. « La ville, son bitume, sa saleté, sa poussière sont des personnages au même titre que les passants », précise l’artiste.

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Pourtant, au fil des séries, les dynamiques changent, dressant un tableau complexe des rues dublinoises. « Pour le livre i, il a approché ses personnages avec une perspective purement abstraite, en essayant de les aplatir le plus possible. Dans son second ouvrage, il est revenu au monochrome, en shootant de face ou en contre-plongée. Ainsi, la ville a semblé s’ouvrir davantage, en devenant un peu plus menaçante ». Étrange ou sombre, structurée ou désordonnée, la ville vue par le photographe semble prendre forme humaine. Son cœur palpite et son énergie affecte ses habitants, comme les lecteurs. Une trilogie fascinante.

Pour en savoir plus sur ce talentueux photographe irlandais, je vous invite à découvrir son site web

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