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Photographe à la Une. William Eggleston

William Eggleston est sans aucun doute un photographe des plus clivant. Incompris et parfois détesté par certains, totalement adulé par d’autres, son œuvre ne laisse jamais indifférent.

Greenwood, Mississippi

Greenwood, Mississippi; William Eggleston (American, born 1939); Greenwood, Mississippi, United States; 1973; Dye imbibition print; 35.2 x 55.1 cm (13 7/8 x 21 11/16 in.); 98.XM.232.4

Il est né en 1939 à Memphis (Tennessee) dans une famille de la classe moyenne, qui s’intéresse peu à l’art. Enfant, il pratique le piano, mais ne commence la photographie qu’à l’université. C’est une période de sa vie qu’il dit avoir peu appréciée, il y navigue entre différents cursus sans en sortir diplômé. C’est là qu’un ami lui donne son premier appareil Leica. Une marque qu’il collectionnera par la suite, parmi d’autres.

C’est pour lui un déclic : il se met à faire des photographies autour de Memphis, à étudier l’art et se découvre un certain goût pour l’expressionnisme allemand. Sa photographie est d’abord faite en noir et blanc : fasciné par Henri Cartier-Bresson, Eggleston rêvait de produire de parfaites fausses photographies du maître. Il se rend vite compte qu’il s’agit d’une impasse, et développe son propre style : une vision originale du quotidien américain et de sa banalité : supermarchés, diners, stations-service, automobiles, tout y passe, et désormais en couleur.

Il faut bien comprendre qu’à l’époque, la photographie couleur était peu présente dans les musées. L’art photographique se voulait être en noir et blanc et rien d’autre. C’est par un heureux hasard qu’il rencontre John Szarkowski, conservateur de la photographie au Musée d’art moderne de New York, une figure centrale de la photographie, à qui on doit de nombreuses découvertes, comme celle de Diane Arbus, par exemple.
Il rencontre un jeune homme, qui trimballe dans une valise des photographies colorées. Convaincu de l’intérêt du travail d’Eggleston, il pousse le musée à acheter ses premières photographies à la fin des années 1960.

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Arrive la dernière pièce du puzzle, qui a fait d’Eggleston l’artiste qu’il est : la découverte du Dye-transfer. De 1973 à 1974, il a enseigné à Harvard, et c’est en consultant le catalogue d’un laboratoire de Chicago qu’il entend parler du procédé, qui promet les plus belles couleurs qui soient. Il s’y essaie, et ne fera plus jamais marche arrière.

« Toutes les photos que j’ai imprimées par la suite à l’aide de ce procédé étaient magnifiques, et chacune semblait encore plus belle que la précédente.” William Eggleston  Ce procédé est très coûteux, et principalement dédié à la publicité. La première image coûte près de 150 $ à produire, une fortune pour l’époque. Puis le coût est dégressif. Employer cette technique pour des images couleur, en petite quantité et pas encore regardées comme de l’art avait de quoi faire grincer des dents à l’époque.

En 1976, le MoMA présente une exposition solo de son travail, dont le catalogue, The William Eggleston Guide’s, est devenu mythique.  C’est une étape cruciale de son parcours, celle qui le fera connaître du grand public. Les critiques sont mitigées, mais le résultat est là : la photographie couleur est rentrée dans le monde muséal.

Eggleston n’est cependant pas le premier photographe couleur exposé par le musée, c’est Ernst Haas qui l’est en 1962, mais c’est lui que l’on retiendra. La faute sans doute à un contexte plus favorable, notamment grâce à l’impression couleur qui est beaucoup plus présente qu’à l’époque de Ernst Haas et permettait une meilleure diffusion des images.

La carrière d’Eggleston est lancée, et il ne s’arrêtera jamais de photographier et d’exposer. Il reste un non-conformiste dans l’âme. Pour illustrer ça d’une anecdote : pris d’une lubie de faire de la vidéo dans les années 70, il réveillait ses filles pour les filmer, et leur apprendre à rester toujours sur le qui-vive. Une approche très personnelle de l’éducation.

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Tout au long de sa carrière, il a popularisé la photographie couleur, et son sujet de prédilection « The banal« . Il photographie principalement les objets de la vie quotidienne américaine, et, par son sens aigu de la composition et des couleurs, en tire de véritables œuvres d’art.

Pour conclure… Outsider permanent, et que l’on apprécie ou pas son œuvre, Eggleston est un photographe central dans l’histoire de la photographie, et mérite d’être étudié sérieusement. Sa photographie, qu’elle soit étrange, dérangeante ou belle, a le mérite de toujours vous faire réfléchir. Elle est unique, il s’y passe quelque chose qui nous happe. Eggleston a eu une influence qui s’étend au-delà du milieu de la photographie, notamment sur David Lynch, ou Sophia Coppola à ses débuts (pour son esthétique de la couleur). Sans la pierre qu’il a apportée à l’édifice qu’est la photographie, celle-ci serait bien différente aujourd’hui.

Pour en découvrir plus sur son univers, le site web du photographe

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