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Photographe à la Une. Dolores Marat

« Non, ma fille, tu ne seras pas photographe » 

Dolorès Marat est née et travaille à Paris. Photographe indépendante, elle continue sa recherche au détriment des modes et des genres. Son travail d’auteur utilise uniquement le procédé de tirage Fresson. Elle a publié de nombreux livres de son travail personnel et répond aussi à des commandes privées.

Copyright Dolores Marat

Quand on regarde ses photos pour la première fois, on ne peut s’empêcher de ressentir quelque chose de très fort. Entre la contemplation et l’orage permanent de la vie, on navigue dans un univers onirique, coloré et inspirant.

On dira de cette photographe autodidacte qu’elle utilise uniquement le procédé de tirage Fresson (comme Bernard Plossu). Que ça explique la dinguerie des couleurs. Elle raconte qu’elle rôde, l’appareil sous le manteau, à l’affût de l’instant qui va l’émouvoir.

Copyright Dolores Marat

De celui qu’elle attend depuis toujours. Elle dit aussi qu’elle n’a pas fait d’école autre que celle de l’apprentissage, dès 15 ans, du procédé photographique dans un studio à Sucy-en-Brie. C’est-à-dire qu’elle a commencé par y faire le ménage. Parce que c’était ça ou l’industrie textile. Elle sera ensuite laborantine pour la presse. Ce n’est qu’à partir de 1981 que Dolorès Marat, née en 1944, produira ses « photographies personnelles ». Toutes ces données constituent une sorte de mythe et la tentation est grande de penser qu’on pourrait formuler à partir d’elles la recette des photos Dolorès Marat, leur secret. Car l’univers de la photographe est intense.

Copyright Dolores Marat

On entre en effet dans ses clichés comme dans des tableaux, des instants tellement réels qu’ils confinent au magique. Un ensemble poudré, un brin nostalgique, toujours vrai, là, épidermique.

La rencontre, l’importance du moment très bref de la capture de l’image, expliquent en partie pourquoi Dolorès Marat ne retouche ni ne recadre jamais ses images. Le geste importe plus que le résultat. Il s’agit de rendre compte d’une émotion sans filtre, pas de discourir ou de donner une quelconque prouesse à voir. Un détour par la proximité de la démarche de Daidō Moriyama permet de préciser plus encore.

L’errance, qui est la commune mesure des deux photographes sert à saisir l’acmé d’un scénario qui appartient tant à l’artiste qu’à son sujet et qui est la matière de la photographie. Comme si la photographie était une porte ouverte, un souffle libérateur. Tel un procédé chimique, l’image créée par la rencontre entre l’artiste et l’espace photographié tend ainsi à devenir une entité nouvelle, un espace à investir.

Les caractéristiques du tirage Fresson, outre leur esthétisme, engagent dans la durée: l’image est installée sur le papier de manière plus pérenne que lors d’un tirage traditionnel. Et cette idée de la tenue, de la résistance au temps importe. Il s’agit pour Dolorès Marat de lutter contre l’effacement, de rassembler, à l’endroit de l’image l’ensemble des données qui lui ont donné naissance. Comme si le moment de la photographie était un moment hors du temps, où quelque coulisse se révèlerait. En ce sens, il faudrait définir la photographe comme chasseuse de fantômes plus que comme prédateur ou architecte d’image. C’est qu’il ne s’agit pas de nourrir un ego, de défendre une vision, mais de consolider une façon d’être au monde par le sensible. Et de le faire sans heurts, de manière salvatrice et apaisée.

Copyright Dolores Marat

La photographe nous donne sa version de la photographie…

Quand on est toujours observatrice de ce qui se passe autour de soi, qu’est-ce qui fait qu’on s’arrête pour faire une image ?   Une émotion avant tout. Bien sûr, il faut qu’il y ait une belle lumière, de belles couleurs, un beau sujet. Mais il faut d’abord avoir un choc au cœur. Je ne peux pas déclencher si je ne ressens pas quelque chose de fort. Je suis incapable de faire une photo pour faire une photo. Combien de fois ça m’est arrivé qu’on me dise : « Tiens t’as vu comme c’est beau ? Fais une photo ! » Mais je ne peux pas faire l’image si je n’y vois rien.

Avez-vous toujours un appareil photo sur vous ?  J’ai souvent dit que j’étais 24h/24 en photo. Toute la journée, je réfléchis photo et la nuit, il m’arrive de faire des cauchemars de photo : je découvre un trou dans mon appareil, je vais à un rendez-vous et j’oublie les bobines, mon appareil se casse. Au début, j’étais tellement contente de faire des photos que je dormais avec mon appareil photo. J’ai fini par me dire que j’étais folle et que j’allais le casser comme ça. Donc maintenant je le mets sur ma table de chevet.

Pour en découvrir plus sur l’univers atypique de cette photographe, je vous invite à suivre son compte Instagram

Source Clare Mary Puyfoulhoux


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